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Les chapitres en grisé seront en ligne prochainement

1. Les Iles Galapagos
2. L'Amazonie
3. La Grande Barrière d'Australie
4. Le 6ème Continent : l'Antarctique
5. Le Sanctuaire des Baleines Grises de Basse Californie
6. Les Ours Bruns de Sibérie
7. Les Gorilles d'Afrique Centrale

Articles extraits et adaptés du dossier "Menaces sur 7 merveilles du monde" du Nouvel Observateur n° 1916 et n° 1917 // Août 2001 (Yves Paccalet)

7. Les Gorilles d'Afrique Centrale

  Ils vivent dans les monts Virunga, au Congo, au Rwanda et en Ouganda, au coeur de forêts pluviales sublimes, mais saccagées. Leur sort dépend de nous, comme celui de leurs cousins les gorilles de plaine, les chimpanzés et les plus doués de tous les bonobos, nos quasi-frères...

  Le grand gorille caresse le bras fragile du bébé, qui le regarde de ses yeux noirs étonnés. Un grand mâle, un dominant, de plus de 250 kilos... La scène est d'une incroyable douceur, on écrirait "humaine" si, justement, les humains n'incarnaient les anthropoïdes les plus imprévisibles, les plus dangereux... Le massif des volcans Virunga. Trois parcs nationaux contigus : celui des Volcans (au Rwanda), celui des Birunga (au Congo ex-Zaïre) et la réserve des Gorilles (en Ouganda). Environ 65 kilomètres de longueur, au maximum 20 de largeur. Des sommets à plus de 4 000 mètres. Ici s'incarne la splendeur de l'Afrique ; ici s'est noué le destin de l'humanité. C'est dans le Grand Fossé (le Rift) que les forces du globe ont érigé les volcans qui, voici 5 a 8 millions d'années, ont modifié le climat de l'Afrique orientale, changé la forêt en savane, laissé les grands singes dans les arbres, à l'ouest, et engendré, à l'est, les australopithèques. Qui se sont mis debout. Ont libéré leurs mains, inventé le langage, gonflé leur matière grise. Pour devenir des hommes.

D'EMERAUDE ET DE JADE
   La porte du parc national des Volcans, côté Rwanda. La pluie tombe, mais vive les averses quand elles ont le parfum d'Afrique ! La terre fume. Les cultures et les forêts luisent de milliards de gouttes. Le sentier est large, mais les pierres glissantes, les lianes traïtresses, les flaques profondes. Touffeur. Mouches, moustiques, cortèges d'insectes : des criquets, des fourmis, des coléoptères - capricornes, goliaths, carabes rutilants... Les oiseaux piaillent ou chantent. On s'attend à rencontrer l'éléphant, le léopard ou quelque antilope de montagne. Les fougères arborescentes composent un décor vert cru avec les grands arbres, sur lesquels s'exposent des trésors d'orchidées jaunes, mauves, rose corail... Un caméléon tricorne promène la magie de ses écailles. Plus haut, les conifères s'installent - genévriers et podocarpes primitifs, à peu près les mêmes que broutaient les dinosaures. Avec des bouquets drus de bambous arundinaires à la tige de jade. D'autres arbres - les hagénias - se hérissent de longs lichens gris, pareils à des barbes de vieillards. Forêt fantôme ! La brume fond toutes choses dans son mystère. On se réveillera de l'autre côté du miroir.

  Voici le camp de Karisoké, où Diane Fossey s'installa en 1967, et où elle fut assassinée en 1985, puis enterrée derrière sa maison, dans le cimetière des gorilles, à côté des primates qu'elle avait tant aimés et si bien réussi à faire connaître et respecter... A plus de 3 000 mètres, on entre dans un autre univers. La nature pique une crise de gigantisme. Les bruyères et les immortelles envoient des représentantes de la taille d'un noisetier. Les lobélies, aux feuilles en rosettes couvertes de duvet, deviennent des cierges hauts de 5 mètres. Les cousins des modestes millepertuis d'Europe hissent leur cime à 10 mètres et offrent au regard des galaxies de fleurs orange. Les séneçons les égalent avec leur toupet de feuilles terminales ; leur tige creuse a le diamètre d'un tronc d'arbre ; leur âge excède parfois 300 ans.

RESCAPES DANS LA BRUME
   On traverse l'une des zones de végétation les plus denses de la Terre. Ici, la pollinisation des fleurs est largement assurée par des oiseaux : même niche écologique que les colibris du Nouveau Monde ; plumes aux reflets métalliques ; long bec fin et courbe, apte à fouiller les corolles. On les appelle " souï-mangas ". Les autres animaux sont rares : la petite antilope sylvicapre, le daman des rochers, l'ibis vert, l'aigle hiéraète, etc. Le parc abrite 60 espèces de mammifères et 180 d'oiseaux.


Photo AFP

  On redescend vers les étendues de végétation plus confuse. Et soudain, les voilà, dans une clairière, en train de se goinfrer de pousses tendres de bambous. Ils adorent aussi les chardons, le céleri sauvage, les feuilles du myrianthe, du ficus et du musanga. Les gorilles de montagne.. Un groupe familial conduit par un grand mâle - un "dos gris" ou "dos argenté". Sentiment de paix profonde. De leur part, pas la moindre agressivité. Ils regardent les hommes. Ils vivent, tout simplement. Avec modestie et un certain sens de l'hédonisme. Ils jouissent de l'instant, la bouche pleine de feuilles goûteuses ou de baisers pour les petits. Une mère berce son nouveau-né, qui pèse moins de 3 kilos. Le bébé ouvre ses grands yeux noirs : il ignore qu'il incarne l'un des ultimes espoirs de son espèce.

  Car les gorilles sont menacés. Dans ces monts Virunga, le naturaliste George B. Schal1er estimait leur nombre à plus de 500 en 1960. Ils étaient moins de 300 en 1985, lorsque Diane Fossey fut tuée par des braconniers. La situation continue d'empirer. Les paysans ont besoin de nouveaux terrains pour établir leurs cultures autour des monts Virunga, la densité humaine dépasse 300 individus par kilomètre carré. Certains villageois sont encouragés à défricher par des compagnies occidentales, qui leur demandent, par exemple, de planter du pyrèthre. Quelques-uns vont braconner : soit ils tuent directement les anthropoïdes (dont quelques crétins occidentaux achètent le crâne ou la main naturalisée) ; soit ils tendent des pièges pour antilopes ou phacochères, où les singes se prennent, se blessent et meurent.

  Surtout, il y a eu - il y a encore - la guerre... En Ouganda, puis au Rwanda (gigantesque "épuration ethnique") et dans l'ex-Zaïre. A l'horreur des massacres d'humains s'est ajoutée celle des carnages de gorilles. Aujourd'hui, nul ne sait ce qui se passe dans les monts Virunga. Ni, bien entendu, combien il reste d'anthropoïdes. Cent ? Moins encore ?

Quelques liens :

- http://wwwusers.imaginet.fr/~moncada/gorilles.html
  LES GORILLES : historique, les gorilles de plaine et de montagne, liens.

- http://www.ecofac.org/Canopee/N18/N1809-GorillesCongo.htm
  CANOPEE : Bulletin sur l'environnement en Afrique centrale - Article paru en Octobre 2000 : Les forêts d'Afrique centrale se vident-t'elles ? Suivi de la santé des gorilles au nord-Congo

- http://www.cyberpresse.ca/reseau/sciences/0110/sci_101100021161.html
  CYBERPRESSE : article de l'AFP (octobre 2001). Projet pilote ESA/UNESCO - Suivi spatial de l’habitat des gorilles

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