cours



             


Les chapitres en grisé seront en ligne prochainement

1. Les Iles Galapagos
2. L'Amazonie
3. La Grande Barrière d'Australie
4. Le 6ème Continent : l'Antarctique
5. Le Sanctuaire des Baleines Grises de Basse Californie
6. Les Ours Bruns de Sibérie
7. Les Gorilles d'Afrique Centrale

Articles extraits et adaptés du dossier "Menaces sur 7 merveilles du monde" du Nouvel Observateur n° 1916 et n° 1917 // Août 2001 (Yves Paccalet)

5. Le Sanctuaire des Baleines Grises de Basse Californie

La péninsule de Basse-Californie, au Mexique : un désert entre deux mers. D'un côté, l'océan Pacifique ; de l'autre, le golfe de Californie. Cactus, crotales et pumas par-ci ; lions de mer, fous et sternes par-là. Avec de secrètes lagunes où les grandes baleines grises viennent souffler, s'aimer et mettre bas.

Baja California - la Basse-Californie mexicaine... Début d'hiver. Lever de soleil sur les collines pierreuses de la péninsule, où les cactus-cierges et les cirios géants prennent des allures de gibets. Argent rose par-dessus l'océan Pacifique. De grands souffles irréels montent du lagon. Les baleines grises sont de retour.
  Un infini d'eau et de sable. Le bleu et le jaune... Le regard n'embrasse qu'une petite partie de ce labyrinthe aquatique ramifié comme un arbre, qui s'insinue sur des dizaines et des dizaines de kilomètres à l'intérieur des sédiments beige, ocre et roux, rehaussés de grenat et de gris. Voici le lagon de Scammon, ainsi appelé en l'honneur du capitaine baleinier américain Charles Melville Scammon, qui le découvrit en 1852, en y pénétrant sur son brick "Mary Helen". Les harponneurs venaient de repérer le sanctuaire où les baleines grises se reproduisent. Leur trouvaille fit leur fortune. Et le malheur des colosses.

DANS L'INTIMITE DES LEVIATHANS
Visite au royaume improbable de la mer en pleine terre. Ici, l'océan Pacifique pénètre le désert de Baja California comme s'il désirait le féconder. L'eau salée, grouillante de plancton, véritable soupe de vie, contraste avec l'apparente désolation de l'arrière-plan. Dans l'élément liquide, les baleines grises, ces léviathans de 40 tonnes, jouent des jeux que nous autres, humains, ne pouvons comprendre. Elles sont revenues de migration. Elles ont passé l'été en mer de Béring et dans l'océan Glacial Arctique, à se goinfrer de plancton, de petits poissons et de mollusques qu'elles récupèrent en creusant le fond avec leur museau.

  Elles ont nagé plus de 6 000 kilomètres pour revenir des confins de la banquise, le long des côtes de l'Alaska, du Canada et des Etats-Unis. Il leur a fallu deux mois pour accomplir le trajet. Les voici dans ce lagon de Basse-Californie où, depuis des millénaires, elles ont choisi de se reproduire en hiver, et où les hommes les ont traquées au point de les menacer de disparition. Les baleines grises sont bizarres. Elles ont la tête effilée, le museau arqué vers le bas, les fanons d'un lumineux ivoire et la peau marquetée de gris clair. Ces taches sont dues à la présence de colonies de parasites qui les démangent, dont les cétacés voudraient se débarrasser, mais qui se cramponnent. Ces taches sont dues à la présence de colonies de parasites qui les démangent, dont les cétacés voudraient se débarrasser, mais qui se cramponnent.

  Une grande femelle s'isole dans une crique. Son ventre est saisi de contractions. Le travail commence. On voit pointer, hors de la fente génitale, la nageoire caudale enroulée du petit : chez les cétacés, les bébés naissent la queue la première. Le nouveau-né de baleine grise mesure 4 mètres de longueur et pèse 1,5 tonne (7 mètres et 5 tonnes chez la géante des géantes, la baleine bleue). Au bout d'un an, après avoir tété ses 50 litres de lait quotidiens, le baleineau avoisine la taille et la masse de l'adulte : 18 mètres et 40 tonnes... Le jeune apprend les comportements de son espèce. Il s'initie à ses chants meuglés ou mugis, qui portent â plus de 1 000 kilomètres.

UN MANTEAU DE POURPRE FLOTTANTE
Les baleines grises - dites "de Californie" - ont été massacrées par les baleiniers durant la seconde moitié du XIXe siècle. Pour elles, l'irruption du capitaine Scammon fut une catastrophe. Leur sang coula. Un poète chilien a écrit que "la mer revêtit un manteau de pourpre flottante". En quelques décennies, l'espèce fut amenée au bord de l'extinction. On n'arrêta de la chasser que parce qu'on la crut anéantie... Elle survécut par miracle. Après la guerre de 1914-1918, on en retrouva un petit troupeau... qu'on se remit à traquer sans vergogne jusqu'à ce qu'on pense à nouveau l'animal exterminé. C'est seulement après la Seconde Guerre mondiale que le Mexique, les Etats-Unis et le Canada prirent des mesures de protection et que la baleine grise put souffler en paix.

  Un demi-siècle plus tard, admirée, révérée par les hommes au lieu d'être saignée et débitée en morceaux pour son lard ou ses fanons, l'espèce a formidablement réagi sur le plan démographique. Ses effectifs sont remontés à près de 10 000 sujets, pas loin de ce qu'ils étaient avant les tueries de Scammon et des siens. Tous les cétacés ne se sont pas comportés de façon aussi dynamique après la boucherie. La baleine franche noire, la baleine franche du Groenland, la baleine bleue et le rorqual commun semblent, dit un spécialiste, "frappés de langueur génésique". Après plus de trente ans de protection, leurs troupeaux sont en lente augmentation. Et ils se voient menacés de nouveaux dangers : le braconnage que pratiquent les flottes de chasse nippones ou celles des pays que le Japon soudoie ; les hélices de bateaux, qui les blessent gravement ; les pollutions qui les rendent malades et stériles ; avant tout, le pillage généralisé de l'océan auquel se livrent les humains, qui les prive de leurs ressources nutritives et les condamne â la disette.

PROBLEMATIQUES " BALEINORAMAS "
  En Basse-Californie, tout va mieux. Mais... c'est aussi le problème ! Une industrie touristique est née, basée sur l'observation des géantes. Les passionnés accourent. Le "whalewatching" (en français, pourquoi pas " baleinorama " ?) génère, dans l'ensemble de la Californie américaine et mexicaine, un chiffre d'affaires bien supérieur à celui que pourraient espérer de modernes harponneurs.

  Paradoxe : là où les hommes viennent contempler ce qu'ils aiment, ils exigent des équipements. Des routes, des ports, des aéroports, des bateaux, des magasins, des hôtels, en un mot ce que nous nommons "civilisation". Le sanctuaire des baleines grises connaît des difficultés imprévues. Il faut en réglementer l'accès. Edicter des codes de bonne conduite. Empêcher les bateaux de s'approcher trop près des animaux, surtout des femelles en couches ou allaitantes.

  Avec la venue des hommes, se pose la lancinante question de leurs besoins, de leurs approvisionnements et de leurs déchets... Sans oublier leur mépris de la vie et leur ignorance crasse en matière d'environnement. Quoique protégé par un parc national mexicain, quoique réputé haut lieu mondial de la nature, réserve internationale de biosphère (depuis 1993) et patrimoine commun de l'humanité, le sanctuaire des baleines grises, année après année, est abîmé, mité par les bâtisses, le macadam et les dépotoirs, bref ce que l'homme produit de plus artificiel et de plus opposé à l'intérêt des léviathans.

  Il y a pis. Depuis quelques années, le groupe mexicain Exportadora del Sal et le japonais Mitsubishi projettent d'installer, soit en plein lagon de Scammon, soit dans le lagon voisin de San Ignacio, au coeur de la pouponnière de cétacés, une saline et une usine de dessalement de l'eau de mer... Ces projets font hurler les amis des baleines, qui ont jusqu'à présent réussi â les empêcher.

Quelques liens :

- http://www.earthisland.org/
  EARTH ISLAND INSTITUTE : a San Francisco-based environmental organization promoting conservation, preservation, and restoration of the Earth through education and activism.

- http://www.bcwhales.org/index.asp
  CERF : Coastal Ecosystems Research Foundation. Organisme à but non-lucratif qui finance sa recherche sur les baleines et dauphins du Canada et leur environement au moyen d'un programme d'éco-tourisme.

- http://baleines.etc.free.fr/
  BALEINES ETC... : tous les cétacés en fiches avec leur classification, une galerie de photos des différentes espèces de baleines, l'actualité des cétacés.

- http://tembo.free.fr/baleines.htm
  TEMBO : la section Baleines du site comporte une partie intéressante. Il s'agit des différentes positions et attitudes des baleines dans l'eau : le BREACHING, le LOBTAILING, le SPYHOPPING...

- http://www.bcwhales.org/pubs/asr97/TBertrand.html
  CERF : Rapport scientifique de l'Université du Québec à Montréal. "Contamination aux BPC de la ressource alimentaire des baleines grises (Eschrichtius robustus) de la côte du Pacifique canadien".

- http://www.fjord-best.com/baleines/principale1.htm
  LES BALEINES DU ST LAURENT : Tout apprendre (ou presque) sur les baleines, la classification des Mysticètes, des Odontocètes, reproduction, comportement, identification...

- http://www.baleinesendirect.net/
  BALEINES EN DIRECT : Site de référence et d'actualité dédié à l'éducation pour la conservation des baleines du Saint-Laurent et de leur habitat naturel.

  6. Les Ours Bruns de Sibérie





haut de la page