3. La Grande Barrière d'Australie
Le long de la côte australienne du Queensland, 2000 kilomètres de récifs bâtis par les coraux.
Plus de 400 espèces poussent sur les restes calcaires de leurs prédécesseurs, différents par leurs tailles, formes et couleurs.
Ces récifs abritent plus de 1500 espèces de poissons et crustacés ainsi que des algues, mollusques et échinodermes,
sans oublier les crocodiles de mer, les tortues, les dugongs, les dauphins, les baleines...
L'un des coeurs battants de l'océan mondial.
Il neige...Il neige dans la mer. Mais à l'envers. De bas en haut : Noël à contresens. Ces flocons banc-rose, ces tourbillons qui volent vers la surface, sont des
ovules et des spermatozoïdes. Des milliards de cellules sexuelles que lâchent les coraux de la Grande Barrière. Une reproduction en masse, de nuit, sous la lune.
Des millions de polypes palpitants. 2000 kilomètres de frénésie sexuelle : la plus grande orgie du monde !
A la saison où les coraux s'aiment en masse, on ressent intensément que la Terre est un seul et immense organisme : la Gaïa.
Une amazonie bleue, un éden d'azur où les arbres de la sagesse sont des coraux, des gorgones et des alcyonnaires ; où Adam et Eve (dugongs au corps rond)
passent entre des nuées de poissons-anges et de poissons-demoiselles ; où planent des raies mantas ; où rament des tortues vertes ; où ondulent
des requins et des serpents furtifs ; où des baleines à bosse modulent, en hiver, leurs appels de sirènes.
Le corail pond, pond...Montipores, acropores, platygyres ou fungies lâchent leurs produits sexuels dans l'eau noire. Sur chaque polypier,
des centaines de polypes agitent leurs tentacules - "fleurs" animales.
Chaque orifice buccal se distend. On voit pointer dans l'ouverture une sphérule rose.
La boule se libère et monte vers la lumière. Une autre s'extirpe. Puis une série... Comme s'ils obéissaient tous au même ordre, les madrépores
lâchent leurs gamètes. En surface, les cellules mâles et femelles s'unissent au hasard pour donner des oeufs rougeâtres, bleuâtres ou violacés,
selon l'espèce.
Au bout de deux jours, naîtra une larve aplatie (appelée "planula"). Cette miniature planctonique aura une chance sur un milliard
d'échapper aux prédateurs. La miraculée tombera au fond et deviendra polype fondateur. Elle bourgeonnera des centaines, des milliers
de fois, jusqu'à produire un polypier en ramure, en feuille, en plaque, en colonne, en champignon, etc.
Au rythme de quelques millimètres par an. Les coraux sont la patience de la mer.
Parazoanthus axinellae © photo Denis Molina & Frédéric Grubert
Sur les socles coralliens vivent des éponges en tubes ou en croûtes ; des buissons d'alcyonaires rouges ou orange ; des éventails de gorgones d'or ou de cuivre ;
des semis de vers spirobranches aux tentacules plumeux ; des crevettes et des langoustes ; des tritons et des porcelaines ; des limaces de mer
aux teintes fabuleuses ; des concombres de mer et des ascidies pareilles à des verres de Venise...
Des poissons aussi. Des zancles, ou idoles maures ; des poissons-demoiselles bleus ; des vieilles arlequins, striées de rouge et de vert ;
des poissons-chirrurgiens, des poissons anges, des poissons-limes, des poissons-perroquets... Surcroît de pigments, fouillis de rayures,
bazars de taches, de pois, de zébrures, de franges et de protubérances. Un mérou-diamant laisse admirer ses joyaux bleu pâle sur veleours vermeil.
Une murène-léopard balance la tête devant sa cachette. Des barracudas se promènent. Des requins de lagon à pointes blanches rôdent
avec prudence... 0n se perd dans ce capharnaüm.
La Grande Barrière n'est pas seulement une addition de milliards de créatures : c'est un écosystème cohérent, un superorganisme.
On palme au-dessus d'un champ de sable rose. Un coquillage y est fiché. Enorme. Le plus gros du monde : un bénitier géant ; 1 mètre, 250
kilos.
Plus loin, un gros mérou tukula, que les Australiens baptisent "potato cod" (mérou-patate). Avec un corps puissant et la queue coupée droit, il excède 1,50 mètre de longueur.
Il se réfugie dans un trou qu'occupe déjà un requin-carpette. Ils n'ont pas le même genre de vie. Aucun moyen de se transmettre la moindre information.
Mais ils partagent ce lopin de corail. Ils contribuent à l'équilibre de la Grande Barrière.
Nous autres, humains, savons que nous appartenons à l'écosystème
de la Terre, mais nous le saccageons.
La Grande Barrière de corail occupe 230 000 kilomètres carrés le long de la côte du Queensland. Agée de 18 millions d'années, elle
a beaucoup changé en fonction des variations du niveau des mers.
Les mesures de protection instituées par l'Australie sont bonnes. Mais la pression humaine augmente. Le tourisme exige son dû de saccages.
La pêche industrielle est parfois mal surveillée. On craint une marée noire catastrophique ou une pollution chimique qui pourrait transfigurer
cet écosystème unique au monde.
L'homme ne vit pas sur cette planète, il la possède. Comme un enfant turbulent, il joue avec son jouet, le brutalise, le saccage jusqu'à
ce qu'il soit brisé et... irréparable.
On est bien loin de la philosophie du mérou-patate et du requin-carpette.
Quelques liens :
- http://australia.citeweb.net/index.htm
3 Semaines en Australie : récit d'un voyage en photos, découverte de Sydney, des "Blue Montains" ainsi que la côte Est de l'Australie.
- http://www.australia.com/
Office du tourisme d'Australie
- http://www.abm.fr/fiche/austficf.html
Carte du pays, carte d'identité, sur place, comment y aller...
- http://www.australia-australie.com/
Décourvir l'Australie en Français ou en version originale : city guides, topsites, radios, webcams,sites persos...
- http://www.chez.com/amandy
Les grandes villes et les régions du pays continent : Tasmanie, Queensland, Sydney, Darwin, Melbourn... Les aborigènes, le sport,
la faune...
4. Le 6ème Continent : l'Antarctique
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